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  • Photo du rédacteurSophie Eyegue

Immigré à Buda : « Tisser du lien avec les Hongrois prend du temps » 5/5

Depuis l'arrivée de Viktor Orbán au pouvoir, en 2010, la Hongrie a pris un tournant nationaliste. Le gouvernement du Fidesz s'oppose régulièrement aux politiques libérales de l'Union européenne. Lors de la crise migratoire syrienne, en 2015, le monde a pris conscience des actions xénophobes du gouvernement. La Hongrie accueillait 2 % d'immigré·e·s au 1er janvier 2020. Quatre fois moins que la moyenne des pays de l'Union européenne. Pourtant, le pays, et notamment sa capitale Budapest, attire encore les candidats à l'immigration. Populest est allé à la rencontre de cinq immigré·e·s aux histoires singulières pour savoir comment ils et elles vivent leur intégration. Dernier témoignage de la série.


Jonnathan est arrivé du Brésil après être tombé amoureux de la ville lors d'un échange universitaire.

Il arrive d'un air décontracté, presque nonchalant dans un bar à jus de fruit qu'il connaît bien. Une chemise à fleurs déboutonnée sur le haut du torse, Jonnathan parle avec chaleur et spontanéité. « J'adore rencontrer les gens, merci de m'interviewer. » Originaire du sud du Brésil, l'analyste financier de 25 ans vit à Budapest depuis trois ans. « Je suis venu pour la première fois avec mon meilleur ami, pour un échange universitaire en 2017. » Enthousiasmé par la vie nocturne de la capitale hongroise qui lui paraît à « taille humaine » et « belle », il décide de revenir définitivement en 2019.


Des débuts difficiles


Il vient alors de fêter ses 22 printemps et a obtenu son diplôme brésilien d'économie. Il choisit de travailler dans un restaurant du centre-ville. « Malgré mon bon niveau d'anglais, je galérais avec les clients et mes collègues. À part les jeunes, les Hongrois ne parlent pas de langue étrangère. » Les premiers pas du jeune homme en Europe sont difficiles : il rêvait de nouvelles rencontres pour sortir, voyager et vivre en colocation. Mais la déception est forte, quelques semaines après son arrivée, il propose une colocation à celui qu'il considérait comme son meilleur ami hongrois : « Il m'a sèchement répondu : je ne veux pas vivre avec un inconnu. »



Trois ans plus tard, le Brésilien dresse tout de même un bilan positif de son intégration. « Tisser du lien avec les Hongrois prend du temps », raconte-t-il. Il faut dire que leur mentalité diffère de celle de ses compatriotes de Belo Horizonte, sa ville natale. « Ici, ils sont plus réservés au premier abord. C'est moins chaleureux que chez moi. » Jonnathan l'explique par l'histoire dans le bloc soviétique qu'il caractérise d'austère et froid. Il s'amuse aussi de leur côté old-school, « la Hongrie est bloquée dans les années 80, il n'y a qu'à écouter le style de musique du Top 50. »


Bien intégré mais pas en sécurité


Aujourd'hui, il partage son temps entre son travail d'analyste financier dans une compagnie pétrolière, la salle de sport et les invitations à dîner de ses amis car il « déteste cuisiner ». « Ils ont conscience que je n'ai pas de famille ici, alors naturellement, une fois que les Hongrois ont appris à me connaître, ils se comportent comme si nous étions du même sang. » Bien entouré, Jonnathan reçoit des visites quand il est malade et célèbre des fêtes religieuses à leur côté.


Mais son avenir en Hongrie s'assombrit à cause du résultat des élections législatives qui a donné une écrasante majorité au parti de Viktor Orbán. La raison principale, les lois anti-LGBT+ qui traduisent une « homophobie ambiante » dans le pays. « Je pense partir vers un pays plus "safe". »

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