Il a célébré le mariage du Premier ministre puis baptisé ses enfants. Une amitié révolue. Depuis 2010, Gábor Iványi, pasteur baptiste, endure de nombreuses attaques de la part du Trésor public hongrois. En cause, un désaccord sur le statut de son Eglise.
Hier ami du Premier ministre hongrois, Gábor Iványi est aujourd'hui l'ennemi juré de Viktor Orbán. Depuis 2010, il endure de nombreuses attaques financières à l'encontre de sa paroisse. Mise au ban des Églises reconnues par l'État, cette dernière accuse des coupes budgétaires importantes, ce qui met en péril ses actions telles que l'éducation, la distribution de repas, les hébergements ou encore des soins à destination des plus démunis. Le 21 février dernier, c'est le Trésor public hongrois, qui vient lui réclamer de l'argent. La cause de cet acharnement : Gábor Iványi n’a pas soutenu publiquement la politique de Viktor Orbán, pire encore il a agi à son encontre en aidant des populations démunies.
Après avoir lutté ensemble contre le communisme dans les années 1990, Viktor Orbán et Gábor Iványi ont siégé au même moment au Parlement hongrois. En 1993, Viktor Orbán se convertit au christianisme et fait bénir son mariage avec la juriste Anikó Lévai par son ami Gábor Iványi. Il célèbre également le baptême des deux aînés du couple.
C’est lors du premier mandat de Viktor Orbán (1998-2002), en tant que Premier ministre, que les relations entre les deux hommes se tendent. Viktor Orbán échoue à recevoir le soutien de Gábor Iványi. En effet, très engagé contre la précarité, le pasteur et député soutient publiquement les Roms et les Tsiganes, ce qui le rend impopulaire aux yeux du Fidesz, le parti issu de la majorité.
En 2011, un an après le retour au pouvoir de Viktor Orbán, une loi est inscrite dans la Constitution qui prive l’Église de Gabor Iványi de ses subventions, car elle l’écarte des Églises reconnues. Un coup dur pour la paroisse qui s’endette. Le 21 février dernier, le NAV, le Trésor public de Hongrie, toque à la porte de la paroisse et réclame la somme de 246 millions de forints, soit 690.000 €.
Gábor Iványi nie formellement un quelconque endettement puisqu’à la suite d’un pourvoi en justice devant la Cour européenne à Strasbourg en 2017, il avait gagné le droit de retrouver son statut d’Église reconnue. La Cour avait également statué sur le fait que le gouvernement devait lui verser les subventions qui lui ont été refusées, et ce, de façon rétroactive, ce qui représente bien plus que la dette qu'on lui réclame. Pourtant, seule une partie lui a été versée.
Toujours fermement opposé à Viktor Orbán, Gábor Iványi reste loin des institutions politiques. Malgré tout, il reste une figure emblématique de la lutte contre la précarité. Il a d'ailleurs reçu le titre de citoyen d'honneur par le maire de Budapest en septembre 2021.
Fanny-Rachel Zimbler-Convert
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