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Démocratie : des élections hongroises pas si exemplaires

Dernière mise à jour : 5 avr. 2022

Viktor Orbán, Premier ministre de la Hongrie, a été réélu ce 3 avril pour un quatrième mandat. Mais les règles ont-elles été respectées ? Plus de 300 observateurs internationaux se sont rendus dans les bureaux de vote pour le compte de l’OSCE. Verdict : pas de fraude, mais beaucoup de faux pas.


Jillian Stirk, observatrice mandatée par l'OSCE pour surveiller les élections en Hongrie. © Lise Lohez

La Hongrie a encore des progrès à faire. Après avoir observé le déroulement complet des élections législatives du 3 avril, remportées par le Premier ministre Viktor Orbán, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a rendu ses conclusions.


À première vue, la démocratie semble respectée. 312 observateurs, en provenance de 45 pays différents, ont été mandatés par l’OSCE pour prévenir d’éventuelles fraudes (en particulier des achats de vote) et veiller au bon déroulement des élections.



Ils ont souligné qu’aucun candidat n’avait été empêché de se présenter. Le vote était quant à lui « bien organisé », et s'est déroulé « de manière calme et fluide », a assuré Mark Pritchard, chef de la délégation envoyée par l’OSCE. Mais au-delà de l’élection en elle-même, l’organisation s’est aussi intéressée à la période de campagne. Et c’est là que le bât blesse.


Une campagne biaisée


Premier faux pas : la diffamation publique. Le Fidesz, parti de Viktor Orbán, et la coalition Unis pour la Hongrie, emmenée par l’opposant Péter Márki-Zay, se sont mutuellement discrédités. Or, « il est fondamental que les candidats (...) mènent une campagne éclairée, basée sur les idées plutôt que sur des messages clivants et des attaques personnelles », a souligné Kari Henriksen, coordinatrice de l’OSCE.


Mais ce n’est pas la seule faiblesse de la campagne. « La frontière entre l’Etat et le Fidesz était parfois brouillée », a noté l’Organisation. Des messages faisant partie de la campagne électorale ont ainsi été identifiés comme des communications du gouvernement par les Hongrois.



Ajoutons à cela des médias largement acquis au Fidesz. Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orbán n’a cessé de malmener la liberté de la presse, à grands coups de rassemblements de rédactions et de fermeture de journaux. Népszava est le seul quotidien d’opposition qui résiste. Aucun débat n’a d’ailleurs été organisé entre les principaux candidats aux élections.


Enfin, l’OSCE a déploré le manque de femmes dans le milieu politique hongrois. Le pays est d’ailleurs classé 124ème sur 156 en termes de représentation des femmes en politique, d’après le Global Gender Gap 2021.


Pas de sanctions


Ces critiques formulées, rien n’oblige le gouvernement de Viktor Orbán à les prendre en compte. Le rapport de l’OSCE était similaire lors des élections législatives de 2018, et peu d’améliorations ont été relevées.


L’OSCE a répété qu’elle se contentait « d’observer » et qu’elle n'émettait « aucun jugement », seulement des « recommandations ». « Intervenir dans l’organisation des élections hongroises n’est pas notre travail », a insisté Jillian Stirk, l’une des observatrices mandatée par l’Organisation. « Mais j’espère que le gouvernement entendra nos remarques pour travailler à la tenue d’élections plus démocratiques. »


Lise Lohez


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